Ensemble Vocal de Pontoise Direction Graham O'Reilly

William Byrd – contexte historique

En cette année 2023, l’Ensemble Vocal de Pontoise célèbre William Byrd, compositeur décédé il y a 400 ans.

Né en 1540 à Londres, William Byrd fut très vraisemblablement éduqué comme enfant de chœur à la Chapelle royale, où il aurait été élève de Thomas Tallis. Nommé en 1563 comme organiste à la cathédrale de Lincoln, il revient à Londres neuf ans plus tard pour rejoindre la Chapelle en tant qu'organiste et compositeur. Officiellement il n'y reste que 20 ans, mais en fait le contact est maintenu jusquà sa mort en 1623.

Qualifié dans les archives de cette institution comme « Père de la musique », Byrd fut l'objet d'une réelle vénération de la part de ses contemporains tant dans son pays qu'à l'étranger. Celui dont « le nom ne devra être mentionné qu'avec le plus grand respect » (selon les dires de son élève Thomas Morley) joua un rôle de premier ordre dans l'instauration et l'évolution du style nouveau qui naquit au cours des premières années du règne d'Elizabeth Ière. Byrd excella dans toutes les formes musicales connues à cette époque si exceptionnellement riche d'activité culturelle, et son influence – tant par ses œuvres publiées que par son enseignement – fut sans pareille.

Elizabeth I jouant du Luth
par Nicholas Hilliard c.1580

Après les luttes religieuses prolongées du milieu du siècle, l'accession au trône d'Elizabeth en 1558 marqua l'amorce d'une période de relative stabilité. Poètes, musiciens et artistes de toutes sortes fleurirent dans un climat intellectuel renouvelé qui renonça alors à son caractère insulaire pour se tourner, en quête d'inspiration, vers l'Italie et la haute Renaissance. La musique imprimée, depuis longtemps en vogue sur le continent, finit par prendre son essor au cours des deux dernières décennies du siècle, et personne n'était plus enthousiaste de cette activité que Byrd.

Après une première tentative avec Tallis en 1575, une réussite artistique mais un échec commercial, il a publié pas moins que huit recueils en treize ans à partir de 1588 : 2 de grands motets en latin, 3 anthologies en anglais (pour la plupart profane), et 3 volumes destinés à la célébration clandestine de la messe en latin. Il est important de noter qu'il n'a rien publié de son œuvre « officielle » : les pièces créées pour la Chapelle royale. En tant que récusant – chrétien réfractaire à l’Église d’Angleterre – il a sans doute estimé son œuvre latine plus significante pour le soutien de ses amis catholiques persécutés.

Pendant l'année 2023, 400ème anniversaire de sa mort, nous allons piocher dans tous ces recueils et dans nombres de manuscrits de sa musique vocale. N'oublions pas non plus son œuvre pour clavier, remarquablement construite, qui marque le début du style baroque en Angleterre – aussi important que la musique d’orgue de Frescobaldi pour la musique italienne.

NB L'image de Byrd n'est pas celle qu'on voit habituellement. Explication dans un prochain numéro !

Graham O’Reilly, 2023