Ensemble Vocal de Pontoise Direction Graham O'Reilly

Un office de Complies en Italie (janvier 2020)

 

Notre Concert de Noël s’est déroulé, comme chaque année, au Carmel de Pontoise les 11 et 12 janvier 2020.

 

C’est un haut lieu de l’histoire Pontoisienne et un havre de paix, où nous avons la chance d’être accueillis avec beaucoup de bienveillance.

Au programme cette année, Giovanni Legrenzi et Bonifazio Graziani, 2 compositeurs italiens du XVIIème siècle.

Alors retrouvons-nous au coeur de la chapelle Sixtine pour y découvrir nos deux musiciens…

 

Giovanni Legrenzi (1626-1690)

Un des compositeurs italiens les plus importants et influents de la deuxième moitié du XVIIe siècle, débuta sa carrière comme organiste à Bergame, à une époque où la ville est l'un des plus grands centres de musique de l'Italie du nord.

En 1656 il part pour Ferrare pour être maestro di cappella de l'Accademia dello Spirito Santo, où il compose des opéras et des oratorios ainsi qu'une quantité de musique sacrée.

Il quitte ce poste au bout de dix ans, et nous savons très peu sur ses mouvements pendant les années suivantes. Il se peut qu'il ait été nommé l'un des sous-maîtres de la Chapelle royale de Louis XIV en 1668, mais a dû refuser le poste pour cause de maladie.

Vers 1670 il arrive à Venise où il travaille dans de nombreux établissements musicaux de la ville, avant de devenir enfin maestro de San Marco en 1685. Sous sa direction, (il occupe cette fonction jusqu'à sa mort) la cappella (36 chanteurs) et le concerto (plus de 34 musiciens) parviennent à un effectif sans précédent. Son salaire aussi bat tous les records pour l'époque – 470 ducats par an, « à la personne et non à la fonction », bien loin de la pauvreté de sa jeunesse.

Du point de vue musical Legrenzi forme un lien important entre la nouvelle expressivité de Monteverdi et de ses contemporains et la virtuosité mélodique d'Alessandro et Domenico Scarlatti, Vivaldi et Händel.

Une conception claire, une mélodie simple et une solide structure tonale de son contrepoint sont les principales caractéristiques.

Sa production fut prolifique : au moins 20 opéras, 9 oratorios, 6 recueils de sonates pour divers groupes d'instruments. Ses 25 publications de musique sacrée comportent au moins 5 versions musicales des Complies, dont une, publiée en 1662, que nous donnons ce soir.

Il est presque certain qu'au moins la moitié de sa musique sacrée a été perdue, y compris presque toutes ses grandes œuvres écrites pour San Marco. La musique que nous présentons ce soir fut sans doute composée pour un des monastères ou congrégations pour la doctrine de la foi – à Ferrare ou Venise peut-être – présentes dans toutes les grandes villes italiennes. Dans certaines œuvres – le psaume Ecce nunc benedicite, et l'antienne Salve Regina qui termine le programme – il crée des harmonies chromatiques et émouvantes ; d'autres – le psaume Qui habitat et le Nunc Dimittis – se caractérisent par une grande énergie rythmique. De nombreux magnifiques « Amen » polyphoniques complètent le tout. La texture ingénieusement variée se tisse sur un canevas plutôt restreint, où les différentes combinaisons de voix solistes contrastent avec les tutti plus dynamiques.

Legrenzi écrit la musique non seulement pour les quatre psaumes, le cantique Nunc Dimittis, et l'hymne Te lucis ante terminum, mais aussi pour divers introïts et réponses de l'office. Nous les chantons tous, ainsi que les divers passages en chant grégorien nécessaires pour recréer l'office dans sa version entière.

Bonifazio Graziani (1604/5-1664)

Il appartient à la génération précédente, et a passé toute sa carrière musicale à Rome, terminant dans le rôle de maestro à la Gésu (l'église Jésuite) et au Collegio Romano.

Ses œuvres les plus caractéristiques sont les solos et duos composés pour la Gésu, souvent chantés par des castrati en visite du chœur papal. Sponsa Christi Teresia est un bel exemple du genre, avec ses récitatifs en alternance avec les ariosos, souvent avec de jolis ornements. Cette œuvre fut publiée à titre posthume par un de ses quatre frères dans un recueil daté de 1672. Nous la présentons lors de ce concert en hommage à nos hôtes, les Carmélites de Pontoise.

Il est possible que Graziani eût des liens privilégiés avec l'église de Santa Maria della Vittoria à Rome, où se trouve la célèbre sculpture par Bernini de la transverbération de Sainte Thérèse  ; un autre frère de Graziani y était moine, et le deuxième livre de messes de Bonifazio, publié en 1674, semble être conçu uniquement pour être chanté dans cette même bâtisse.

La page de couverture montre le tableau de Ste Thérèse, que l'on peut encore voir dans l'église.  Le motet que nous avons présenté est une parfaite description en paroles et en musique de cette statue immortelle de Thérèse et l'ange.