A événement exceptionnel, il fallait un concert exceptionnel !
C’est une idée qui avait germé, dans la tête de notre Chef Graham O’Reilly, bien plus d’un an avant sa réalisation. Il voulait une représentation qui montrerait l’évolution de cet ensemble amateur créé 20 ans auparavant à Pontoise et qui n’a cessé de s’améliorer, comme le bon vin, au fil des années.
Le challenge était posé, à nous, membres de l’ensemble, de relever ce défi.
Le Dixit Dominus de Haendel est une oeuvre complexe, qui demande beaucoup de recherche dans son interprétation. Il fait appel à des solistes éclairés, soutenus par l’interprétation très nuancée des choristes qui au fil des morceaux doivent jouer de toute la gamme des sentiments.
Et puis, nous avons pu compter sur l’accompagnement de musiciens remarquables qu’ont été l’ensemble « Les Muses Galantes », habitués à cette musique Baroque que nous apprécions tant. Un ensemble de cordes assisté du Basson, de l’Orgue et du Clavecin.
Mais au fait, connaissez-vous l’histoire de Haëndel et de son Dixit Dominus ?
Alors la voici, rien que pour vous…
Georg Friedrich Haëndel
Haëndel a grandi à Halle (Saxe), une ville dotée d'une grande diversité musicale et culturelle. Dès l'âge de 9 ans il commence à étudier la musique, avec le titulaire de l'orgue de la Marienkirche, Friedrich Wilhelm Zachow, qui a enseigné au jeune Haendel non seulement la technique du clavier mais aussi le contrepoint et la composition, et également à jouer avec une grande délicatesse du violon.
Pendant deux ans, après la fin de ses études universitaires en 1702, Haendel a participé pleinement aux activités musicales à Halle, et a visité Berlin et Leipzig, deux villes qui l'ont fortement marqué. En 1704 il est parti à Hambourg, à l'Opéra public, le plus ancien opéra de l'Allemagne. Après un début comme second violon, il a vite gravi les marches jusqu'à la place du claveciniste, d'où il dirigea l'orchestre. Dans la même période il a commencé à composer des opéras.
Hambourg n'était pas démuni de culture musicale, et les contacts que Haendel entretenait avec les musiciens et chanteurs italiens ont fini par le convaincre de la nécessité d'élargir ses horizons. Il a attendu de pouvoir s'autofinancer (« marcher sur ses propres fonds », disait-il) pour ne pas être contraint de travailler pour des princes ou des ducs, et a préparé son voyage en se faisant inviter dans les châteaux des nobles de plusieurs villes, notamment à Florence.
Vers la fin de 1706 il est arrivé à Rome, et dès le 14 janvier il jouait de l'orgue après la messe à San Giovanni in Laterano, où tout le monde s'accordait à décrire sa prestation comme « sensationnelle ».
Sa réputation n'était plus à faire, et très vite les cardinaux richissimes se disputaient ses services. Pour le Cardinal Carlo Colonna il composa une série très élaborée de psaumes pour les Vêpres de la fête de Notre Dame du Mont Carmel.
La fête eut lieu le 16 juillet 1707 en l'église carmélite de Santa Maria à Montesanto, l'une des églises (presque) jumelles au bout de la Piazza del Popolo. Ladite montagne sacrée (monte santo) est le Mont Carmel.
Haëndel a signé le manuscrit du premier psaume, le Dixit Dominus, en avril, mais les deux autres psaumes de la série qui subsistent aujourd'hui, le Laudate Pueri et le Nisi Dominus, ne furent terminés qu'une semaine avant le concert. Peut-être le Cardinal Colonna fut-il si épris du Dixit qu'il a demandé à Haendel de compléter la série pour pouvoir l'inclure dans ses célébrations extravagantes.
Si l'arrangement n'a rien d'exceptionnel (5 voix et 5 instruments à cordes) le morceau brille partout ailleurs. Chaque mouvement a son esprit bien distinct, reflétant avec précision le texte de ce psaume si descriptif – depuis le jugement dernier dans Juravit Dominus (Le Seigneur l'a juré) jusqu'aux générations innombrables de prêtres secundum ordinem Melchisedech (à la manière de Melchisidech), en passant par la fièvre guerrière du Judicabit nationibus (il fera régner sa justice parmi les nations) et la tendresse du De torrente in via bibet (il boira au torrent).
Enfin, dans les deux derniers mouvements, c'est-à-dire le Gloria Patri (le texte qui termine tous les psaumes) Haendel compose “la plus grande fugue jamais entendue” sur les paroles et in saecula saeculorum, Amen – de la pure musique pour annoncer la venue du jeune virtuose, impatient de montrer tout son savoir, et exigeant une virtuosité extraordinaire de la part des chanteurs mais aussi des instrumentistes.